L’ÉQUITÉ n’est pas facile à atteindre pour les femmes. Notre rappel le plus récent provient d’un rapport publié par le ministère du Travail qui affirme que les femmes sont exclues des « pipelines » des entreprises. Ces « pipelines » sont des conduits vers des postes de direction et d’encadrement supérieurs. Le rapport du ministère du travail est basé sur une étude des pratiques de neuf entreprises Fortune 500.
Le rapport conclut que les obstacles à l’avancement sont subtils — si subtils, en fait, que les entreprises étudiées n’étaient même pas conscientes que leurs pratiques créaient les inégalités qui ont été découvertes. Le secrétaire au Travail, Lynn Martin, suggère qu’un programme de sensibilisation soit formé pour que les entreprises prennent conscience de leurs pratiques d’exclusion et pour « maintenir le rêve américain en vie ».
Il existe de très nombreuses façons, certaines subtiles et d’autres moins, pour que les femmes soient maintenues au bas de l’échelle, hors du courant professionnel, loin des postes à statut élevé. L’étude du ministère du Travail met en évidence une discrimination qui n’existe que pour un petit nombre de femmes.
Il suffit d’ouvrir les oreilles et les yeux pour savoir que partout les Américaines continuent d’être exclues. Les trois exemples suivants, tirés des journaux, des boîtes de céréales et de la télévision, illustrent la discrimination qui existe contre les femmes, en masse, au quotidien. Aucune étude formelle n’est requise:
1. « Tout homme médical ayant ne serait-ce qu’un soupçon de paranoïa juridique pourrait dire au président Bush qu’une règle interdisant les conseils en matière d’avortement dans les cliniques familiales financées par le gouvernement fédéral est une prescription de désastre. » Un homme de médecine ! Cette citation est tirée d’un récent éditorial (23 juillet) de la célèbre chroniqueuse Ellen Goodman. Qu’en est-il de la femme médecin ? Remplaçons le mot « médecin » pour reconnaître que les femmes médecins existent aussi, pensent et auraient le bon sens de transmettre un message important au président.
2. « Demandez à votre maman de vous aider à les découper pour pouvoir les assembler. » « Testé par les enfants, approuvé par les mères. » Ces deux phrases proviennent de boîtes de céréales. La première apparaît sur les Honey Nut Cheerios, indiquant aux enfants de se faire aider pour découper un jeu au dos de la boîte. La seconde est un argument de vente pour Kix. Qu’est-ce que General Mills manigance pour classer la mère comme la personne à qui incombe les tâches familiales ? Le service marketing a-t-il identifié une tendance selon laquelle les gens sont plus susceptibles d’acheter les céréales si un langage stéréotypé est utilisé ? Par souci d’égalité, je suggère de substituer le mot « parent » à maman et mère.
3. « Hommes des cavernes ». Ce mot a été utilisé sur « Sesame Street », l’émission populaire et avant-gardiste pour enfants, dans une vignette mettant en scène des hommes et des femmes préhistoriques. En utilisant le mot « hommes des cavernes », les auteurs de « Sesame Street » ont exclu les femmes de l’image mentale. La même chose se produit avec des mots comme « pompier », « policier » et « facteur ». Il n’est pas vrai que ces mots sont androgènes et englobants. Remplacez-les par « troglodyte », « pompier », « policier » et « facteur ». Tant que les termes plus anciens et stéréotypés en fonction du sexe sont utilisés, les femmes se voient refuser l’égalité de statut.
L’étude du ministère du Travail et mes propres observations sont la preuve que les femmes continuent de mener une bataille difficile pour l’égalité dans la culture américaine. L’utilisation aujourd’hui de termes tels que « homme médical », « approuvé par la mère » et « hommes des cavernes » suggère que le mouvement des femmes recule même vers une époque antérieure où l’utilisation de ce type de langage était routinière et acceptée.
En fin de compte, le programme de sensibilisation proposé par Martin est vraiment une mise à jour de la sensibilisation, l’outil le plus efficace des années 1970 pour les femmes contre la discrimination. Tous les signes indiquent que la sensibilisation est en ordre. Tout à fait !
Elaine Richman est une consultante en sciences biomédicales. Elle écrit depuis Baltimore.