Une reconstitution du collier volé par des escrocs en 1785

L’affaire du collier de diamants est un scandale consécutif au vol du bijou le plus précieux de France. Le collier de diamants a été volé en 1785 dans le cadre d’une escroquerie impliquant le cardinal catholique Louis de Rohan et d’autres personnalités. Les personnes impliquées ont utilisé le nom de Marie-Antoinette pour faciliter l’escroquerie. Le scandale a été déballé plus tard lors d’un procès public et, bien qu’elle n’ait pas été directement impliquée, la reine a fait l’objet de ragots et de moqueries.

Le collier

Le collier de diamants au centre de la fureur était fabriqué par les bijoutiers parisiens Boehmer et Bassenge. Il contenait 647 diamants irréprochables, certains de plusieurs carats. Le collier était la pièce de joaillerie la plus chère de France, voire du monde. Des estimations prudentes l’évaluaient à 1,5 million de livres, mais sa valeur réelle était probablement plus élevée.

Le collier de diamants en question a été initialement commandé par Louis XV pour sa maîtresse, Madame du Barry – cependant, le roi est mort un an plus tard, bien avant que le collier ne soit terminé.

La taille du collier était telle que rassembler les diamants pour l’assembler a presque ruiné ses créateurs. Naturellement, Boehmer et Bassenge étaient impatients de vendre le collier terminé – mais son coût extraordinaire signifiait que la famille royale française était vraiment le seul acheteur potentiel.

Une offre à Versailles

En 1778, les joailliers ont fait une démarche officielle auprès de Louis XVI, lui offrant le collier comme cadeau pour Marie-Antoinette.

Selon les rapports, on a montré le collier à la reine, elle l’a essayé et a exprimé un certain intérêt, mais la vente n’a pas abouti. La légende suggère qu’Antoinette elle-même a opposé son veto, estimant que l’argent serait mieux dépensé en cuirassés. La véritable raison, cependant, n’est pas enregistrée.

Boehmer et Bassenge ont été laissés pour vendre le collier aux rois et aux nobles riches en dehors de la France. Ils n’ont cependant pas eu de chance, en raison du prix demandé exorbitant.

De la Motte et De Rohan

Jeanne de la Motte, l’un des architectes de l’escroquerie du  » collier de diamants « 

En mars 1784, Jeanne de la Motte, la jeune épouse d’un escroc, commence à communiquer avec le cardinal de Rohan, un ecclésiastique et diplomate de haut rang. L’impopularité de Rohan auprès de Marie-Antoinette s’était avérée une pierre d’achoppement pour ses ambitions politiques. Son empressement à gagner les faveurs de la reine a causé sa perte.

En quelques mois, Jeanne avait convaincu Rohan qu’elle était un agent de Marie-Antoinette. Le cardinal entama un long échange de lettres avec Antoinette, exprimant sa loyauté et sa dévotion envers elle. Rohan reçoit des réponses affectueuses de Sa Majesté, réponses qui sont en fait des faux écrits par Jeanne ou son mari.

La ruse était si efficace que Rohan en vint à croire qu’Antoinette était amoureuse de lui. Il poussa Jeanne à organiser une rencontre secrète avec la reine. Jeanne répondit en organisant un rendez-vous nocturne entre Rohan et une prostituée parisienne qui ressemblait vaguement à la reine.

La grande escroquerie

Armée de grosses sommes d’argent empruntées à Rohan, Jeanne de la Motte devint une habituée de la haute société. D’autres personnes en vinrent également à croire que Jeanne était une confidente de la reine. Parmi eux se trouvent Boehmer et Bassenge.

À la fin de l’année 1784, les bijoutiers parisiens approchent Jeanne et lui demandent si elle peut persuader Antoinette d’acheter le collier de diamants. Jeanne et son mari ont trouvé cette opportunité trop belle pour y résister. Grâce à de faux papiers, Jeanne convainc le cardinal de Rohan d’acquérir le collier au nom d’Antoinette. Les frais de 1,6 million de livres, prétendaient ces papiers, leur seraient payés en plusieurs versements.

En février 1785, le collier est transmis au cardinal de Rohan qui le remet à un tiers prétendant représenter la reine. Le collier a immédiatement disparu et n’a jamais été revu intact. Il fut brisé et son or et ses diamants furent vendus sur les marchés noirs de Paris et de Londres.

La conspiration dévoilée

Le cardinal de Rohan, qui fut acquitté de toute faute criminelle

L’escroquerie fut découverte quelques semaines plus tard lorsqu’un des bijoutiers demanda à une femme de chambre royale si Antoinette devait encore porter le collier en public. Une enquête a rapidement mis en évidence l’implication de Jeanne de la Motte et du cardinal de Rohan. Tous deux sont arrêtés en août 1785, Rohan alors qu’il s’apprête à diriger une messe à Versailles.

Les deux hommes sont jugés devant le parlement de Paris au printemps suivant. Avec son enchaînement de mensonges, de faux, de lettres secrètes, de prostituées, de rencontres nocturnes et de l’amour illusoire de Rohan pour la reine – sans parler du collier manquant de 1,6 million de livres – le procès fit sensation à Paris.

Jeanne de la Motte est finalement reconnue coupable et condamnée à la prison à vie, accompagnée de la flagellation et du marquage au fer rouge. Le cardinal de Rohan a été acquitté, malgré le poids des preuves contre lui et malgré son rôle de taille dans toute l’affaire.

Résultats

La plupart des historiens s’accordent à dire que Marie-Antoinette n’a joué que peu ou pas de rôle dans l' »affaire du collier de diamants ». Il n’y a aucune preuve qu’elle ait communiqué avec – ou même entendu parler de – Jeanne de la Motte. Au contraire, Louis XVI et Antoinette ont tous deux agi avec prudence et responsabilité fiscale en décidant de ne pas acheter le collier et d’enfoncer davantage la nation dans la dette.

Dans un climat empoisonné par les libelles, la pornographie politique et les ragots anti-royaux, cependant, beaucoup ont préféré croire que la reine était un acteur volontaire du fiasco.

Des rumeurs ont rapidement circulé selon lesquelles le procès était une dissimulation, un verdict manigancé pour protéger la réputation de la reine. Ils ont interprété l’acquittement de Rohan par le parlement comme un signe qu’il avait été « utilisé » ou trahi par Antoinette. Dans l’environnement empoisonné du Paris des années 1780, il était plus facile de penser que Marie-Antoinette était coupable, quel que soit le manque de preuves.

Le point de vue d’un historien:
« Une fois devenue mère, Marie-Antoinette a concentré la majeure partie de son énergie sur ses enfants. Il en résulte un déclin notable de la somptuosité qui avait caractérisé sa jeunesse. Elle n’achète plus de bijoux et ne porte plus de perruques élaborées. Néanmoins, sa maison est composée de 500 personnes qui gardent jalousement leurs petits empires. Malgré la nette diminution de ses activités sociales, elle est connue comme la « louve autrichienne ». Des calomnies se répandent à son sujet, des histoires scandaleuses sont librement inventées et beaucoup d’entre elles sont crues. Sa réputation était déjà au plus bas lorsqu’elle fut injustement impliquée dans… l’affaire du collier de diamants. »
G. Fremont-Barnes

1. L' »affaire du collier de diamants » est un incident survenu en 1784-85, impliquant le vol d’un collier de grande valeur, par des escrocs prétendant représenter la reine Marie-Antoinette.

2. L’escroquerie se déroule en 1784 lorsque Jeanne de la Motte commence à communiquer avec le cardinal de Rohan, prétendant être un agent de la reine, Marie-Antoinette.

3. Désireux de se débarrasser du collier, qui avait été rejeté par Louis XVI et Antoinette, ses créateurs ont approché Jeanne de la Motte, croyant qu’elle était une authentique courtisane royale.

4. Les bijoutiers ont reçu de faux documents, prétendant organiser l’achat du collier pour Marie Antoinette. Le collier a été livré à une tierce partie prétendant représenter la reine, mais a rapidement disparu pour être brisé et vendu.

5. Les personnes impliquées ont été arrêtées et envoyées au procès. Jeanne de la Motte est reconnue coupable et punie, tandis que le cardinal de Rohan est acquitté. Contrairement aux preuves, beaucoup à Paris devinrent convaincus que Marie-Antoinette était directement impliquée, ce qui nuisit encore plus à sa réputation.

Informations sur les citations
Titre : « L’affaire du collier de diamants »
Auteurs : Jennifer Llewellyn, Steve Thompson
Éditeur : Alpha History
URL : https://alphahistory.com/frenchrevolution/affair-of-the-diamond-necklace/
Date de publication : 10 septembre 2020
Date de consultation : 04 février 2021
Copyright : Le contenu de cette page ne peut être republié sans notre autorisation expresse. Pour plus d’informations sur l’utilisation, veuillez consulter nos conditions d’utilisation.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.