L’air médical est distribué quotidiennement par des milliers de prises murales dans les hôpitaux canadiens. Dans les endroits traitant des patients respiratoires à haute acuité, l’utilisation de l’air médical rivalise – et souvent éclipse – l’oxygène . La plupart des hôpitaux disposant d’une canalisation centrale d’air médical fabriquent le produit sur place en comprimant l’air extérieur .

En tant que RRT responsable de la ventilation, de la thérapie à haut débit, du contrôle de l’environnement des isolettes ou des aérosolthérapies, vous êtes-vous déjà interrogé sur la qualité de l’air délivré par les prises murales ? Santé Canada considère l’air médical comme un médicament de l’annexe E, et le Code canadien du bâtiment exige que, lorsqu’il est fabriqué sur place dans les hôpitaux,  » l’établissement de soins de santé doit s’assurer que le produit fabriqué par le système d’approvisionnement en air médical et acheminé au système de distribution par canalisation est conforme aux spécifications de l’USP pour l’air médical ou à toute autre monographie précisée dans le formulaire de l’établissement de soins de santé  » (CAN/CSA Z7396.1-17, 5.5.2.1.3) .

Un rapport produit par Air Liquide Healthcare décrit les résultats de l’échantillonnage de la qualité de l’air médical qui a commencé en février 2014 et compte maintenant plus de 60 000 000 de points de données d’analyse chimique collectés à partir des systèmes sources d’air médical sur les principaux sites urbains et ruraux éloignés. Grâce à ces données, nous avons appris que chaque site étudié a connu des violations de la formule USP. La plupart des brèches sont liées à des événements de courte durée, comme l’atterrissage d’un hélicoptère, tandis que d’autres, liées aux conditions environnementales, comme les feux de forêt, persistent pendant des semaines. Des échantillons de produits ont révélé des niveaux de CO supérieurs à 50 ppm, soit plus de cinq fois la limite USP. Et des niveaux élevés de CO2, dépassant souvent la limite USP par un facteur de deux, sont de loin le problème le plus courant.

Nous avons constaté que lorsque nous partageons des preuves de problèmes de qualité avec les RRT à travers le pays, des histoires locales de violations potentielles de la qualité de Medical Air remontent à la surface. Le personnel de deux sites disposant d’une USIN de niveau III a signalé des niveaux inquiétants de CO dans les échantillons de gaz sanguins artériels des patients. Dans les deux cas, le personnel du site a estimé que la cause première la plus plausible était un taux élevé de CO dans l’air médical acheminé par une canalisation centrale. Sur les sites où des dépassements de CO ont été mesurés, les causes profondes vont de l’échappement de la chaudière de l’hôpital aux émissions de moteurs diesel au ralenti qui contaminent la pureté de l’air.

Le CO2 étant le contaminant hors spécifications le plus répandu, une attention particulière doit être accordée à cet asphyxiant connu. L’exposition à des concentrations de >8% ou plus peut provoquer la mort, la perte de conscience ou des convulsions . En termes de physiologie humaine, nous savons également que des niveaux normaux de CO2 dans le sang sont essentiels à la régulation du pH et aux échanges gazeux alvéolaires. D’un point de vue thérapeutique, à petites doses contrôlées, le CO2 est un stimulant respiratoire efficace.

Ce que nous ne savions pas jusqu’à récemment, c’est que les sécheurs typiques utilisés dans la production hospitalière d’air médical attrapent et libèrent des bolus de CO2 dans le pipeline . La figure 1 illustre la variabilité du CO2 mesurée au cours d’une journée dans un grand établissement urbain avec un rejet de bolus en milieu de journée .

Variabilité du CO2 mesurée au cours d’une journée dans un grand établissement urbain, avec un rejet de bolus en milieu de journée

Sachant que le CO2 est une molécule  » collante  » (c’est-à-dire de densité plus élevée que l’oxygène ou l’azote), nous nous sommes demandé sur quelle distance un bolus pouvait se déplacer intact dans un pipeline. Une étude plus poussée a confirmé qu’un bolus de 1 L de CO2 peut parcourir plus d’un kilomètre dans un pipeline en cuivre d’un demi-pouce et provoquer une atmosphère déficiente en oxygène (c’est-à-dire O2 < 18% volume/pourcentage de volume) à la sortie. Le bolus représenté sur la figure 1 s’est produit après un bref arrêt et redémarrage de l’usine Medical Air. Le pic soudain de CO2 a duré quelques minutes et a très probablement entraîné une déficience en oxygène de l’air médical à une ou plusieurs sorties murales.

En tenant compte de ces preuves émergentes, les auteurs du règlement canadien sur les canalisations de gaz médicaux ont publié une nouvelle exigence en 2017 (CSA Z7396.1, s5.5.2.1.5 (b)) qui implique les cliniciens . À l’avenir, lorsqu’un système d’air médical est installé, modifié ou remplacé dans un établissement de santé, une évaluation des risques pour la qualité doit être effectuée pour déterminer que la fréquence de la surveillance et du contrôle de la qualité est appropriée, compte tenu des applications thérapeutiques spécifiques au site impliquant l’air médical. De plus, les cliniciens doivent prendre part à l’évaluation et être prêts à répondre à des questions telles que :

  • Les rafales de courte durée d’air médical déficient en oxygène et chargé en CO2 sont-elles sans danger pour vos patients ?

  • Le système de production d’air médical de votre site doit-il être conçu pour empêcher automatiquement les niveaux élevés de CO ou de CO2 d’entrer dans le pipeline ?

En conclusion, l’air médical est un produit thérapeutique fabriqué sur place par la plupart des hôpitaux. Comme tous les médicaments, il doit suivre une formule. Les hôpitaux canadiens peuvent choisir la formule USP, ou concevoir la leur. L’USP énumère six contaminants : monoxyde de carbone, dioxyde de carbone, humidité, oxyde nitrique, dioxyde d’azote et dioxyde de soufre. Y a-t-il d’autres contaminants que vous aimeriez voir mesurés et contrôlés, comme l’ozone ? Et quels seuils limites pour chaque contaminant ont un sens pour vos patients ?

Les preuves et les règlements disent qu’il est temps pour les inhalothérapeutes de connaître et d’appliquer la formule de l’air médical dans leurs hôpitaux !

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