J’étais en retard à la fête. Je suis arrivé au Minnesota en 2009, sept ans après que le sénateur Paul Wellstone soit mort avec sa femme et sa fille dans un accident d’avion. Et pourtant, à chaque saison électorale, des panneaux « Wellstone ! » apparaissent, comme des décorations de saison. Paul Wellstone n’était candidat à rien du tout. Était-ce de la nostalgie ? L’ennui ? Quelle est l’histoire derrière ces panneaux de jardin ?
Il s’avère que ce n’est pas l’histoire d’un sénateur, même si Paul Wellstone a effectué deux mandats au Sénat américain pour représenter le Minnesota. On ne se souviendra pas de lui pour sa législation. Il a perdu plus qu’il n’a gagné. L’histoire pourrait se souvenir de lui pour un vote qu’il a perdu par une large marge. Il a voté pour ne pas autoriser l’usage de la force contre l’Irak. Tout le monde disait que ce vote lui coûterait son siège, mais il a voté comme il l’a toujours fait – il a voté pour ce en quoi il croyait. Et comme Wellstone croyait au petit gars, il était connu comme « la conscience du Sénat ».
Mais ce n’est pas l’histoire d’un homme d’État ; c’est l’histoire d’un simple citoyen – avec une voix. Paul Wellstone a été un activiste et un organisateur communautaire bien plus longtemps qu’il n’a occupé un poste officiel. Il s’est battu pour les droits civils et contre la guerre du Vietnam. Il a organisé les bénéficiaires de l’aide sociale, s’est tenu aux côtés des agriculteurs confrontés à la faillite, a combattu les compagnies d’électricité pour qu’elles piétinent les terres des pauvres et a tenu des piquets de grève avec les syndicats.
Ce n’est pas l’histoire d’un enseignant, bien qu’il ait enseigné au Carleton College pendant 20 ans. Wellstone a enseigné à ses étudiants (qui se qualifient souvent de successeurs) comment l’organisation de la base pouvait modifier l’équilibre du pouvoir. Lorsque Carleton a renvoyé Wellstone pour avoir été trop actif politiquement, ses successeurs ont organisé des manifestations, obtenu des signatures, écrit des articles d’opinion et fait pression sur le collège pour qu’il le réembauche et le titularise.
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Mais ce n’est pas l’histoire d’un professeur ; c’est l’histoire d’un étudiant de toujours. La nuit, Wellstone étudiait la théorie, en lisant tout ce qui concernait la politique et qui lui tombait sous la main, y compris des livres écrits par des auteurs avec lesquels il n’était pas d’accord. Le jour, il étudiait la pratique. Il s’informait auprès de personnes réelles. À la fin de la journée, il combinait la théorie et la pratique pour en faire une politique.
Ce n’est pas l’histoire d’un orateur, bien qu’il en ait inspiré plus d’un quand il parlait. Ceux qui ont vu Paul Wellstone parler ont été touchés au-delà des applaudissements et des ovations. Ses auditoires étaient poussés à faire quelque chose, à faire la différence.
Mais ce n’est pas l’histoire de quelqu’un qui a quelque chose à dire ; le véritable don de Wellstone était qu’il savait écouter. Il écoutait les gens parler de leur vie, de leur famille, de leurs luttes, de leurs succès. L’écoute n’avait rien à voir avec la politique, l’optique ou un quelconque truc de parti. Paul Wellstone écoutait les gens parce que c’est pour cela qu’il faisait tout cela – pour le peuple.
Ce n’est pas l’histoire d’un seul homme. Paul Wellstone et Sheila Ison se sont rencontrés à l’âge de 16 ans. Amours de lycée qui se sont mariés en 1963, ils ont eu leur premier enfant en 1965. Ils étaient les meilleurs amis du monde. Elle était sa conscience, son roc. Certains disent qu’il n’y aurait pas de Paul sans Sheila, mais il semble qu’il n’y ait pas eu de Paul. Il n’y a jamais eu de Paul. Du moment où ils se sont rencontrés sur cette plage de Virginie jusqu’à la toute fin, il n’y a jamais eu que Paul et Sheila.
Cette histoire n’est pas une tragédie, bien que ce chapitre se termine par une perte insensée. Lorsque Paul et Sheila Wellstone sont morts, avec sept autres personnes, dans un accident d’avion le 25 octobre 2002, ils avaient beaucoup plus à donner. Mais ce n’est pas une tragédie parce que Paul et Sheila Wellstone étaient là. Ils nous ont touchés. Ils nous ont émus. Ils nous ont appris à écouter. Ils nous ont appris à vivre. Le prochain chapitre est meilleur parce que Paul et Sheila Wellstone étaient ici hier. Ce n’est pas une tragédie. C’est une histoire d’espoir.
Quand je pense à Paul Wellstone aujourd’hui – le militant, l’étudiant, l’auditeur, le partenaire – je ne peux m’empêcher de penser à ce qu’il ferait dans des moments comme ceux-ci. Et c’est là que les pancartes prennent tout leur sens. Ces panneaux verts « Wellstone ! » ne sont pas politiques. Ils sont un bat-signal – une balise. Ils semblent dire : « Quelqu’un peut-il venir se battre pour nous ? »
Rob Perez est un scénariste basé à Minneapolis. Il écrit actuellement un biopic sur la vie du sénateur Paul Wellstone.
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