La microalbuminurie est définie comme l’excrétion de 30 à 300 mg d’albumine par 24 heures (ou 20 à 200 mcg/min ou 30 à 300 mcg/mg de créatinine) sur 2 des 3 collectes d’urine.
La détection de faibles niveaux d’excrétion d’albumine (microalbuminurie) a été liée à l’identification d’une néphropathie diabétique naissante. Cette phase appelle une prise en charge agressive, pour prévenir ou retarder la néphropathie diabétique manifeste.
La microalbuminurie est un facteur prédictif de l’issue chez les patients atteints de maladie rénale. De plus, elle est un facteur prédictif de morbidité et de mortalité chez les patients qui ne présentent pas de signes de maladie rénale significative. Chez les patients hypertendus, la microalbuminurie a été corrélée à l’hypertrophie ventriculaire gauche. Tant chez les patients hypertendus que normotendus, la microalbuminurie prédit un risque accru de morbidité et de mortalité cardiovasculaires.
Bien que l’excrétion sur 24 heures ait traditionnellement été préférée, le rapport albumine/créatinine s’est révélé être un outil de dépistage de la néphropathie diabétique tout aussi valable.
Indications/Applications
Voir la liste ci-dessous :
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Le dépistage annuel de la microalbuminurie est indiqué pour toutes les personnes atteintes de diabète sucré.
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Le dépistage de la microalbuminurie est utilisé dans le diagnostic du dysfonctionnement rénal.
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Chez les patients diabétiques et hypertendus, la microalbuminurie est un facteur prédictif du développement futur de la maladie rénale clinique. Elle est également un facteur prédictif de morbidité et de mortalité cardiovasculaires.
Considérations
Réaliser une collecte d’urine de 24 heures pour la protéinurie et la clairance de la créatinine est inutile car un échantillon d’urine ponctuel pour mesurer le rapport albumine urinaire/créatinine est tout à fait suffisant pour le diagnostic et la thérapie. Plus important encore, l’exercice, les protéines alimentaires et une posture verticale soutenue ont tendance à augmenter les taux d’excrétion de l’albumine.
La collecte conventionnelle d’urine de 24 heures pour l’albumine montre une grande variation de l’excrétion de l’albumine dans l’urine. De plus, elle est très peu pratique pour le patient. Le rapport albumine-créatinine dans une urine ponctuelle recueillie tôt le matin au réveil (avant le petit-déjeuner ou l’exercice) est considéré comme un test valide pour l’excrétion d’albumine dans l’urine. Il est simple et peu coûteux, il ne nécessite pas de collecte d’urine sur 24 heures et, surtout, il donne un résultat quantitatif qui est en bonne corrélation avec les valeurs des urines de 24 heures dans une large gamme d’excrétion de protéines. Un rapport albumine (mcg/L)/créatinine (mg/L) inférieur à 30 est normal ; un rapport de 30 à 300 signifie une microalbuminurie et des valeurs supérieures à 300 sont considérées comme une macroalbuminurie. Sur une bandelette urinaire standard, 10-20 mg/dL est la limite minimale de détection des protéines. Si la bandelette est positive, le patient est probablement atteint de microalbuminurie. La microalbuminurie n’est pas détectable par la bandelette urinaire.
La diminution du débit de filtration glomérulaire est généralement précédée d’une microalbuminurie. La microalbuminurie signale les complications rénales et cardiovasculaires du diabète et, par conséquent, tous les patients diabétiques devraient faire tester leur urine pour la microalbumine sur une base annuelle. Il est inutile de tester la microalbuminurie chez les patients présentant une protéinurie établie. Le traitement antihypertenseur diminue l’albuminurie et diminue sa progression même chez les patients diabétiques normotendus.
Le traitement par les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IEC) réduit le risque de néphropathie manifeste associée à la microalbuminurie dans le diabète de type 1 et 2, et un effet similaire est également observé chez les patients diabétiques de type 2 traités par les antagonistes des récepteurs de l’angiotensine (ARA). Les données sont insuffisantes pour valider l’utilisation d’un traitement combiné par IEC et ARA chez les patients atteints de microalbuminurie. L’étude HOPE (Heart Outcome Prevention Evaluation) a démontré que les patients diabétiques atteints de microalbuminurie traités par IEC ont un risque significativement plus faible de morbidité et de mortalité cardiovasculaires.
L’albuminurie est un facteur de risque de perte progressive de la fonction rénale. L’albuminurie peut être réduite efficacement par les inhibiteurs du système rénine-angiotensine (SRA). La réduction maximale de l’albuminurie au niveau le plus bas possible doit être l’objectif du traitement rénoprotecteur. La mise à niveau du bénazépril ou du losartan contre la protéinurie a montré un bénéfice supplémentaire sur le résultat rénal chez les patients non diabétiques mais présentant une protéinurie et une insuffisance rénale.