Un exemple que Michels a utilisé dans son livre est le parti social-démocrate allemand.
Les syndicats et la démocratie syndicale de LipsetEdit
L’une des exceptions les plus connues à la loi de fer de l’oligarchie est la défunte Union typographique internationale, décrite par Seymour Martin Lipset dans son livre de 1956, Union Democracy. Lipset suggère un certain nombre de facteurs qui existaient au sein de l’UIT et qui seraient responsables de la lutte contre cette tendance à l’oligarchie bureaucratique. Le premier, et peut-être le plus important, est lié à la manière dont le syndicat a été fondé. Contrairement à de nombreux autres syndicats (par exemple, les United Steel Workers of America (USWA) du CIO, et de nombreux autres syndicats de métier) qui étaient organisés du haut vers le bas, l’ITU comptait un certain nombre de syndicats locaux importants et puissants qui appréciaient leur autonomie, qui existait bien avant la création de l’internationale. Cette autonomie locale était renforcée par l’économie de l’industrie de l’imprimerie, qui opérait sur des marchés essentiellement locaux et régionaux, avec une faible concurrence d’autres zones géographiques. Les grandes sections locales ont continué à préserver jalousement cette autonomie contre les empiètements des agents internationaux. Deuxièmement, l’existence de factions a permis de mettre un frein aux tendances oligarchiques qui existaient au siège national. Les dirigeants qui ne sont pas contrôlés ont tendance à développer des salaires plus importants et un style de vie plus somptueux, ce qui les rend peu enclins à retourner à leur ancien poste. Mais avec une puissante faction extérieure prête à dénoncer les prodigalités, aucun dirigeant n’osait accepter une rémunération personnelle trop généreuse. Ces deux facteurs étaient convaincants dans le cas de l’ITU.
Lipset et ses collaborateurs citent également un certain nombre d’autres facteurs spécifiques aux syndicats d’artisans en général et aux métiers de l’imprimerie en particulier, notamment l’homogénéité des membres, en ce qui concerne leur travail et leur mode de vie, leur identification à leur métier, leur mode de vie et leur rémunération plus proches de la classe moyenne. Pour ce dernier point, il s’appuie sur Aristote, qui affirmait qu’un régime démocratique était plus probable lorsqu’il y avait une classe moyenne importante et stable, et que les extrêmes de richesse et de pauvreté n’étaient pas grands. Enfin, les auteurs notent l’irrégularité des horaires de travail, qui conduisait les commerçants à passer davantage de temps libre ensemble. Ces derniers facteurs sont moins convaincants, car ils ne s’appliquent pas à de nombreuses formes d’organisation industrielle, où la démocratie syndicale s’est le plus développée ces derniers temps.
Syndicats d’étudiants universitairesEdit
Titus Gregory utilise la « loi d’airain » de Michels pour décrire comment la structure centraliste démocratique de la Fédération canadienne des étudiants, composée de syndicats étudiants individuels, encourage l’oligarchie.
Titus Gregory soutient que les syndicats d’étudiants universitaires d’aujourd’hui « présentent à la fois des tendances oligarchiques et démocratiques. » Contrairement aux syndicats, ils ont des membres idéologiquement diversifiés et organisent fréquemment des élections démocratiques compétitives couvertes par des médias de campus indépendants qui préservent leur indépendance. Ces facteurs ont une influence fortement démocratisante, créant des conditions similaires à celles décrites par Lipset à propos de l’UIT. Cependant, Gregory affirme que les syndicats étudiants peuvent également être très antidémocratiques et oligarchiques en raison du caractère éphémère de l’adhésion des étudiants concernés. Chaque année, entre un quart et la moitié des membres se renouvellent, ce qui, selon Gregory, crée une situation où les leaders étudiants élus deviennent dépendants du personnel du syndicat étudiant pour la mémoire institutionnelle et les conseils. Étant donné que de nombreux syndicats étudiants prélèvent des cotisations obligatoires auprès de leurs membres de passage, et que de nombreux petits collèges et/ou campus de banlieue peuvent prélever cet argent sans avoir à rendre de comptes, les comportements oligarchiques sont encouragés. Par exemple, Gregory souligne la fréquence à laquelle les règles d’élection des syndicats étudiants « fonctionnent selon des règles et des règlements tyranniques » qui sont fréquemment utilisés par ceux qui sont au pouvoir pour disqualifier ou exclure des challengers électoraux potentiels. Gregory conclut que les syndicats étudiants peuvent « résister à la loi d’airain de l’oligarchie » s’ils ont « une communauté étudiante engagée », un « média étudiant indépendant », une « forte tradition de liberté d’information » et une « autorité électorale impartiale » capable d’administrer les élections de manière équitable.
WikipediaEdit
Les recherches de Bradi Heaberlin et Simon DeDeo ont révélé que l’évolution du réseau de normes de Wikipédia au fil du temps est conforme à la loi d’airain de l’oligarchie. Leur analyse quantitative est basée sur l’exploration de données sur une décennie d’articles et d’informations sur les utilisateurs. Elle montre l’émergence d’une oligarchie dérivée de compétences dans cinq « grappes » importantes : administration, qualité des articles, collaboration, formatage et politique de contenu. Heaberlin et DeDeo notent que « les normes fondamentales de l’encyclopédie traitent de principes universels, tels que la neutralité, la vérifiabilité, la civilité et le consensus. L’ambiguïté et l’interprétabilité de ces concepts abstraits peuvent les conduire à se découpler les uns des autres au fil du temps »
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