Pour commencer, un bref résumé de l’intrigue, ce qui signifie SPOILERS à venir ! Stang joue le spectacle ce printemps, donc si vous ne voulez pas de spoilers, sautez ce paragraphe (mais je recommande d’aller dans la comédie musicale en comprenant son histoire avant). C’est une histoire complexe qui se concentre sur plusieurs thèmes et quelques groupes de personnages, le tout à travers un assez grand écart de temps dans le premier acte qui peut être difficile à suivre.
Un bref prologue sert d’exposition, le protagoniste de l’histoire, Jean Valjean, est libéré par Javert (l’officier en charge de la main d’œuvre de la prison) après 19 ans d’emprisonnement. Après avoir rompu sa liberté conditionnelle en quête d’une vie de paix et de rédemption, Valjean se réinvente en tant que maire et propriétaire d’usine, devenant un homme aimé et respecté par beaucoup. Javert apprend que Valjean a rompu sa liberté conditionnelle, et jure sur sa dignité et son être de reprendre Valjean. Huit ans plus tard, Valjean mène une vie prospère, tandis que le personnage déchirant de Fantine est introduit. Elle est une ouvrière d’usine (qui travaille dans l’usine que possède Jean Valjean) et une mère célibataire, qui se bat pour réunir de l’argent afin de pouvoir l’envoyer à sa fille. Des problèmes surviennent à l’usine et Fantine est malheureusement licenciée. Pendant ce temps, Javert rencontre Valjean et confirme ses soupçons que Valjean est le prisonnier évadé d’il y a longtemps, commençant la poursuite de Javert sur Valjean.
Maintenant, revenons à Fantine. Seule dans les rues, elle veut juste récolter de l’argent pour le donner à sa fille Cosette avant de mourir, alors elle vend ses cheveux et ses dents et devient une prostituée. Tragiquement, elle dit ses dernières paroles à Valjean, en parlant de sa Cosette chérie. Valjean décide de sauver Cosette des aubergistes abusifs avec lesquels elle se trouve et de l’élever, ce dont Fantine est extrêmement reconnaissante. Javert tente de capturer Valjean après cela, mais il s’échappe de justesse avec Cosette.
Plusieurs années passent et on nous présente les étudiants de l’ABC, un groupe de garçons rebelles qui prévoient de se révolter contre le gouvernement français défaillant. Parmi eux, deux personnages majeurs sont présentés : Enjolras et Marius. Marius est le personnage romantique de l’histoire : Cosette et lui tombent amoureux (et leur intrigue crée des conflits). Enjolras est le cœur de la rébellion personnifiée, puisqu’il déclare même que sa vie ne signifie rien du tout tant qu’il peut mener une bataille révolutionnaire.
Eponine est la fille des aubergistes abusifs qui s’occupaient de Cosette ; elle veut absolument rejoindre la Révolution, mais on lui refuse parce qu’elle est une femme. Elle est l’amie intime de Marius, dont elle est profondément amoureuse. Il ne s’en aperçoit jamais, et est toujours en train de se pâmer devant Cosette.
A la suite du premier acte, des batailles sanglantes s’ensuivent et Valjean s’y joint également afin de protéger Marius.
Dans l’une de ces batailles, Javert est pris comme espion par les étudiants de l’ABC, et sa vie est épargnée par Valjean, ce qui agit comme conclusion de l’arc de rédemption de notre protagoniste. Javert, se sentant si horrible d’avoir cru que Valjean n’était rien de plus qu’un voleur, se tue.
D’autres batailles s’ensuivent, tuant tragiquement tout le monde sauf Marius, Cosette, les aubergistes et Valjean, bien que Valjean meurt plus tard au mariage de Marius et Cosette. Certainement une histoire longue et compliquée, mais dont chaque détail est écrit pour une raison.
Maintenant que l’histoire est relativement comprise, il est plus facile d’entrer dans l’histoire réelle de celle-ci,qui, encore une fois, n’inclut pas la Révolution française. Il est révélé dans le livre les événements principaux de l’histoire se produisent en 1832 (, le personnage de Lamarque peut être utilisé pour identifier également la période de temps). Jean Maximilien Lamarque était un commandant français qui a accompli beaucoup de choses et sa mort a été le catalyseur de la rébellion parisienne de juin 1832. Une monarchie constitutionnelle a été établie en France en 1830, et le roi a été remplacé dans les deux ans. Les gens étaient furieux de cette situation, tandis que d’énormes difficultés économiques étaient également responsables de l’indignation publique. La France a aidé l’Amérique pendant la Révolution américaine, ce qui explique en grande partie l’échec économique. Pour couronner le tout, une épidémie de choléra a provoqué la maladie et la mort de nombreuses personnes. Bien que la Révolution française soit terminée, il y avait certainement encore du mépris au sein des citoyens français. Le 5 juin 1832, les funérailles publiques de Lamarque ont lieu et c’est lorsqu’un drapeau sur lequel on peut lire « La Liberté ou la Mort » est brandi que l’indignation commence. Les rebelles se déchaînent dans les rues et s’emparent de plusieurs quartiers de Paris, obligeant l’armée française à envoyer plus de 60 000 hommes pour faire face à ce soulèvement spontané. Cette histoire est très proche de celle des Misérables de Hugo, mais la « rébellion » est beaucoup plus dramatisée et romancée. Le public français de l’époque ressentait un feu en lui, de la colère et de l’émotion face à sa situation et Victor Hugo a fait appel à cela.
Les Misérables a été réalisé à une époque où les tentatives de rébellion d’une société en difficulté ont échoué, et tandis que les conditions empiraient, la république en France avait besoin de quelque chose pour leur donner de l’espoir. Les combats et les émeutes ont servi à satisfaire ce besoin, mais chaque tentative de réforme a conduit à un bain de sang. La littérature a toujours été un outil utilisé par une société non seulement pour critiquer ses conditions, mais aussi pour donner de l’espoir et soulager un public en difficulté. Les Misérables de Victor Hugo est une justice poétique pour une France post-révolutionnaire dont le seul espoir restant était de se battre pour leurs griefs, et cela en fait une belle histoire avec des thèmes qui laissent un public plus compréhensif de la période tout en transmettant les sentiments enflammés de rébellion et de ressentiment que les citoyens de la France ressentaient à l’époque.