Plusieurs études ont montré les différences entre les chronotypes dans le rythme circadien de différentes variables physiologiques. Les individus montrent des variations dans leur préférence pour le calendrier quotidien d’activité ; de plus, il existe une association entre le chronotype et la durée du sommeil/les plaintes liées au sommeil. Peu d’études ont étudié la qualité du sommeil pendant la semaine et le week-end en fonction de la typologie circadienne à l’aide de questionnaires d’auto-évaluation ou de l’actigraphie. L’objectif de cette étude était d’utiliser l’actigraphie pour évaluer la relation entre les trois chronotypes et le rythme circadien des niveaux d’activité et de déterminer si les paramètres du sommeil répondent différemment en fonction du temps (jours de semaine contre week-end) chez les types Matin (M), Ni (N) et Soir (E). Le questionnaire morningness-eveningness (MEQ) a été administré à 502 étudiants afin de déterminer leurs chronotypes. Cinquante sujets (16 types M, 15 types N et 19 types E) ont été recrutés pour être soumis à une période de surveillance de 7 jours avec un actigraphe (actomètres Actiwacth®, CNT, Cambridge, UK) afin d’évaluer leurs paramètres de sommeil et le rythme circadien de leurs niveaux d’activité. Pour comparer l’amplitude et l’acrophase entre les trois chronotypes, nous avons utilisé une ANOVA à sens unique suivie du test post-hoc de Tukey-Kramer. Pour comparer le MESOR (Midline Estimating Statistic of Rhythm) entre les trois chronotypes, nous avons utilisé un test non paramétrique de Kruskal-Wallis suivi de comparaisons par paires effectuées selon la procédure de Dunn avec une correction de Bonferroni pour les comparaisons multiples. L’analyse de chaque paramètre du sommeil a été réalisée à l’aide de la procédure ANOVA mixte. Les résultats ont montré que le chronotype était influencé par le sexe (χ(2) avec p = 0,011) et la photopériode à la naissance (χ(2) avec p < 0,05). Bien que le MESOR et l’amplitude des niveaux d’activité n’aient pas été différents entre les trois chronotypes, les acrophases comparées par le test ANOVA post-hoc étaient significativement différentes (p < 0,001). Le test ANOVA post-hoc a révélé la présence d’une différence significative (p < 0,001) entre les types M (14:32 h) et E (16:53 h). Il y avait également une interaction significative entre le chronotype et quatre paramètres du sommeil : Fin de sommeil, Sommeil présumé, Temps d’immobilité et Efficacité du sommeil. L’efficacité du sommeil a montré les mêmes tendances que le sommeil présumé et le temps d’immobilité : l’efficacité du sommeil des types E était moins bonne que celle des types M et N pendant les jours de la semaine (77,9 % ± 7,0 contre 84,1 % ± 4,9 et 84,1 % ± 5,2) mais était similaire à celle mesurée chez les types M et N pendant le week-end. La latence du sommeil et l’indice de mouvement et de fragmentation n’étaient pas différents entre les trois chronotypes et n’ont pas changé le week-end par rapport aux jours de semaine. Cette étude met en évidence deux résultats clés : premièrement, nous avons observé que le rythme circadien des niveaux d’activité était influencé par le chronotype ; deuxièmement, le chronotype avait un effet significatif sur les paramètres du sommeil : les types E avaient une qualité et une quantité de sommeil réduites par rapport aux types M et N pendant les jours de semaine, alors que les types E atteignaient les mêmes niveaux que les autres chronotypes pendant le week-end. Ces résultats suggèrent que les E-types accumulent un déficit de sommeil pendant les jours de semaine en raison de leurs engagements sociaux et académiques et qu’ils récupèrent de ce déficit pendant les « jours libres » du week-end.