OpEd pour le Globe and MailDorothy Shaw, MB, ChB, FRCSC, Canada Porte-parole du G8/G20 pour le Partenariat pour la santé maternelle et néonatale
22 MARS 2010 – Qu’entendons-nous par « planification familiale » et quel est le lien avec l’avortement sans risque ? La rhétorique politique de ces dernières semaines a entraîné une grande confusion sur cette question. La situation s’est aggravée cette semaine lorsque le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a annoncé que l’initiative du Canada pour le G8 n’inclurait pas la planification familiale ou la contraception – une position rapidement corrigée par le Premier ministre Harper.
En fait, le mot « A » ne figure nulle part dans la définition de la planification familiale, ni n’est mentionné dans le manuel de l’OMS de 2007 sur la planification familiale, si ce n’est pour fournir une contraception aux femmes qui ont fait une fausse couche ou qui ont avorté. La définition de l’Organisation mondiale de la santé est la suivante : « La planification familiale permet aux individus et aux couples d’anticiper et d’atteindre le nombre d’enfants qu’ils souhaitent ainsi que l’espacement et le moment de leurs naissances. Elle est réalisée par l’utilisation de méthodes contraceptives et le traitement de l’infertilité involontaire. La capacité d’une femme à espacer et à limiter ses grossesses a un impact direct sur sa santé et son bien-être ainsi que sur l’issue de chaque grossesse. »
En d’autres termes, la planification familiale est volontaire et les méthodes de contraception disponibles (précédemment appelées contrôle des naissances) peuvent être adaptées aux besoins individuels avec une gamme de méthodes acceptables pour tous et efficaces si elles sont utilisées correctement. Les besoins non satisfaits en matière de planification familiale ne concernent que les femmes mariées et indiquent les femmes qui disent préférer éviter une grossesse mais n’utilisent aucune méthode de contraception. Ce chiffre est impressionnant : 215 millions de femmes dans le monde.
La planification familiale prévient environ un tiers des décès liés à la grossesse, ainsi que 44% des décès néonatals. Cela s’explique par le fait que le choix du moment et l’espacement des grossesses – au moins deux ans entre les naissances – sont nécessaires pour prévenir les résultats négatifs des grossesses, notamment les taux élevés de prématurité et de malnutrition et de retard de croissance chez les enfants. L’espacement des grossesses pour un résultat optimal s’applique à l’échelle mondiale, et pas seulement dans les milieux pauvres. La capacité de déterminer si l’on veut être enceinte ou non et combien d’enfants on veut avoir est reconnue depuis longtemps comme un droit de l’homme. Comme convenu en 1994 par les États membres de l’ONU au Caire, l’avortement ne doit pas être promu comme méthode de planification familiale, bien que la prévention des avortements à risque soit une priorité de santé publique.
Le point qui est manqué ici est qu’un large consensus existe en termes de ce qui est nécessaire pour sauver la vie des mères et des enfants et peut être abordé par le G8 de cette année, mais le travail est encore nécessaire pour finaliser ce qui sera dans l’engagement du G8. En prendre une partie détourne l’attention de la nécessité d’obtenir des éclaircissements sur des approches intégrées plus larges axées sur les soins de santé primaires, tels que la planification familiale, les soins prénatals, les soins obstétriques/néonatals essentiels, les soins post-partum, les vaccinations, la prévention et la gestion du paludisme, du VIH et d’autres infections sexuellement transmissibles, doivent être fournis de manière coordonnée, rentable et accessible à la population en question. Le planning familial sauvera des vies et permettra d’éviter de nombreux avortements à risque. C’est un élément essentiel de l’ensemble des compétences des sages-femmes, des infirmières et des agents de santé communautaires qui n’est pas sujet à controverse, quelles que soient les lois et les preuves. C’est un bon point de départ.