Il fut un temps où ils étaient simplement un beau jeune couple amoureux. Nina et Claus von Stauffenberg étaient favorisés par la fortune. Ils étaient aristocrates. Ils étaient patriotes, dévoués à la nation dont ils étaient issus.
Par des coups du sort qu’ils n’auraient jamais pu imaginer, Claus von Stauffenberg allait devenir un personnage historique. Si quelqu’un mérite d’être qualifié de « héros », même à notre époque post-héroïque, c’est bien lui. Un personnage aussi important que Winston Churchill a rendu le verdict que personne ne pouvait renverser : Stauffenberg était « le plus courageux des meilleurs »
Il n’enlève rien à l’exemple de Stauffenberg de noter qu’il n’était pas seul dans son héroïsme. Dans la période qui a précédé et suivi son heure de gloire, le voyage de Stauffenberg a été entrepris avec sa famille. Ceux qui voudraient apprendre de son exemple peuvent bénéficier d’un tableau plus large.
Jeudi 20 juillet 1944
Le nom de Stauffenberg est enguirlandé de vertu pour son leadership et son courage dans le complot du 20 juillet 1944 visant à assassiner Adolf Hitler.
Comme le raconte un film populaire, Valkyrie, la confiance personnelle d’Hitler en Stauffenberg lui a valu un accès rare au cercle intime du Führer. Le jeudi 20 juillet, le jeune colonel assiste à une conférence de stratégie militaire de haut niveau au quartier général d’Hitler sur le front oriental. Se frayant un chemin à travers la stricte sécurité protégeant le fonctionnaire le plus recherché dans un monde en guerre, Stauffenberg pose une bombe dans une mallette à quelques mètres du chef de guerre.
Comme prévu, l’explosion qui s’ensuit est puissante. Quatre personnes allaient mourir, d’autres seraient gravement blessées. Un collègue inconscient avait déplacé la mallette sur le côté extérieur d’une cloison de table, redirigeant la force de concussion. Incroyablement, Hitler a été blessé mais pas gravement.
La vengeance vorace d’Hitler
Hitler a échappé à de nombreuses tentatives d’assassinat, pendant de nombreuses années. Celle-ci était particulièrement troublante, de son point de vue. Elle a été très proche de réussir. Les conspirateurs ont réussi à pénétrer dans son sanctuaire. La destruction imminente du 3e Reich étant universellement reconnue, le jugement du Führer était de plus en plus remis en question. Il était immédiatement clair que son assassinat devait être la première étape d’un coup d’État élaboré.
Avec une intensité sauvage et sanguinaire, Hitler déclara :
J’écraserai et je détruirai les criminels qui ont osé s’opposer à la Providence et à moi. Ces traîtres à leur propre peuple méritent une mort ignominieuse, et c’est ce qu’ils auront. Cette fois, le prix total sera payé par tous ceux qui sont impliqués, par leurs familles et par tous ceux qui les ont aidés. Ce nid de vipères qui ont tenté de saboter la grandeur de mon Allemagne sera exterminé une fois pour toutes.
Hitler a tenu son serment. Près de cinq mille personnes ont été exécutées. Environ sept mille ont été arrêtées.
Des psychopathes en robes et en uniformes ont été lâchés, avec une licence légale, sur les citoyens d’une nation confrontée à une destruction imminente par des forces étrangères avançant simultanément, inexorablement, de l’Est et de l’Ouest.
Hostages de la fortune
Claus von Stauffenberg a été exécuté sommairement le soir du 20 juillet 1944. Il fait partie d’un groupe d’officiers qui risquent la mort immédiate sur l’ordre de leurs supérieurs qui éradiquent les preuves de leur propre culpabilité dans le complot.
Maintenant, c’est la famille de Stauffenberg qui va souffrir. Le régime nazi avait officiellement exhumé une ancienne doctrine juridique, le Sippenhaft, rendant les familles responsables des actes criminels de n’importe lequel de leurs membres. L’effet pratique était de refroidir toute résistance potentielle dans tout l’empire nazi.
Nina von Stauffenberg, ayant perdu son mari, sera bientôt arrêtée et interrogée par la Gestapo, puis transportée au camp de concentration de Ravensbrück. Cet hiver-là, en réclusion, elle donne naissance à son dernier enfant, engendré par Claus.
Les enfants de Nina et Claus Stauffenberg étaient destinés à Buchenwald, le célèbre camp de concentration. Ils ne furent épargnés que par l’arrivée des forces américaines.
Le frère de Claus et compagnon de conspiration, Berthold, connut un sort horrible. Il a été arrêté dans la soirée du 20 juillet. Il a affronté toute la fureur de la Gestapo, agissant sur la directive personnelle d’Hitler. Il est jugé par le « tribunal du peuple » du célèbre Roland Freisler, un sadique hystérique ressemblant à une hyène, considéré comme le juge préféré d’Hitler. Il est condamné à mort. Berthold Stauffenberg est pendu et ranimé à plusieurs reprises, dans une agonie inconcevable. Le spectacle grotesque a été filmé pour le visionnage privé d’Hitler.
Les dirigeants et leurs familles
Il y a quatre siècles, Sir Francis Bacon parlait du défi de concilier le leadership avec les obligations familiales :
Celui qui a une femme et des enfants a donné des otages à la fortune ; car ils sont des empêcheurs de grandes entreprises, soit de vertu, soit de malice.
Nelson Mandela a posé la question de manière poignante à notre époque :
Je me suis souvent demandé si une personne est justifiée de négliger sa propre famille pour lutter pour les opportunités des autres.
Et vous ?
Que pensez-vous ?
Dans quelles circonstances comprenez-vous que le service aux étrangers – au monde, à la nation, à la communauté ; aux clients et aux employés et autres parties prenantes – est nécessairement en contradiction avec votre service à votre famille ?
Comment négociez-vous ces tensions ?
Qui voyez-vous, dans votre observation personnelle ou par l’étude, qui a réussi à servir sa famille et le monde en général ? Qu’avez-vous appris ?
La famille Stauffenberg | Otages de la fortune