Hallucinations sensorielles

Des hallucinations ont été signalées dans chaque modalité sensorielle. Le type le plus courant de ces hallucinations est visuel. Elles peuvent apparaître comme un prodrome ou une aura au début d’une crise myoclonique et ont été associées à une tumeur cérébrale, à l’épilepsie proprement dite, à une migraine ou à un trouble psychiatrique tel que la schizophrénie. Les hallucinations visuelles sont généralement associées à la présence d’une lumière vive. Elles sont généralement bilatérales. Cependant, certaines hallucinations sont associées à la perception d’un objet visuel réel, notamment chez les patients atteints de schizophrénie.

De nombreuses hallucinations sont auditives. Elles surviennent également avec les mêmes causes antécédentes que les hallucinations visuelles. Elles peuvent consister en un son indéfini, par exemple un bruit ou un ton. L’acouphène est un son qui est généralement perçu dans l’oreille sous la forme d’un ton, aigu ou grave, d’un tintement ou d’un bourdonnement, qui peut être intermittent ou persistant. Il peut être unilatéral ou bilatéral. Elle n’est généralement pas considérée comme une hallucination mais comme la manifestation d’un trouble de l’oreille interne. Certaines hallucinations auditives sont associées à la perception de bruits ou de mots réels. Les patients qui présentent ces perceptions ont généralement un trouble psychiatrique, ce qui n’est pas rare, une forme de schizophrénie.

Certains patients qui ont des hallucinations auditives prétendent être des « entendeurs de voix » (1). Ces patients peuvent entendre des mots distincts bien qu’ils puissent également entendre des sons indéfinis (1). Ces hallucinations chez les « entendeurs de voix » sont considérées comme une manifestation d’une maladie mentale. Il existe un « Hearing Voices Movement » dans lequel 20 000 membres partagent un phénomène commun. Ces personnes peuvent ne pas se considérer comme ayant une anomalie mentale.

Des hallucinations gustatives ou de goût peuvent survenir en l’absence de toute stimulation orale. Ces hallucinations se manifestent généralement par une qualité gustative spécifique impliquant l’ensemble de la cavité buccale comme nous l’avons noté précédemment – torquegeusia (chimique), cacogeusia (pourri) ou mixte (2). Cependant, ils ne se manifestent pas comme étant liés à un aliment ou une boisson spécifique, mais seulement à une qualité gustative spécifique. Elles diffèrent des hallucinations visuelles ou auditives qui peuvent se rapporter à des objets visuels ou à des paroles spécifiques. Les hallucinations gustatives sont souvent signalées comme le prodrome ou l’aura d’une pathologie connue, par exemple une tumeur cérébrale, l’épilepsie, une migraine, et entraînent une crise myoclonique. À la Taste and Smell Clinic de Washington, DC, nous avons rencontré ce type d’hallucination après une perte acquise du goût survenant à la suite d’une perte d’acuité gustative consécutive à divers événements pathologiques, par exemple une maladie de type viral, une rhinite allergique, un traumatisme crânien, etc. (2).

Les hallucinations olfactives sont similaires aux hallucinations gustatives puisqu’elles se manifestent également par un seul caractère olfactif généralement désagréable, par exemple une odeur de pourriture (cacosmie) ou chimique (torquosmie) (2). Ces hallucinations ne sont caractérisées par aucune relation avec une odeur alimentaire externe spécifique, mais seulement par le caractère d’une odeur. Ceci distingue également les hallucinations olfactives (et gustatives) des hallucinations visuelles et auditives. Les hallucinations olfactives sont généralement birhinales et peuvent également être liées à des troubles neurologiques spécifiques, par exemple une tumeur au cerveau, une migraine, des crises d’épilepsie spontanées. Ce type d’hallucination est généralement appelé aura car il précède généralement l’activité myoclonique de la crise et avertit le patient que la crise est en route. Ce type d’hallucination est généralement transitoire et dure de quelques secondes à une minute. Elle suit généralement une perte d’acuité olfactive. Cependant, ce type d’hallucination peut aussi survenir spontanément et ne pas suivre une perte d’odorat acquise, bien que le caractère et l’intensité de l’hallucination transitoire soient similaires à ceux qui suivent toute perte d’odorat.

Les hallucinations olfactives peuvent également être unirhinales et peuvent être inhibées par une manœuvre de Valsalva ou le sommeil (3).

Les hallucinations olfactives peuvent également être liées à ce que l’on appelle le syndrome de référence olfactive dans lequel les patients atteints d’un trouble mental, généralement la schizophrénie, perçoivent qu’il y a une odeur dans leur nez ou dans une autre partie de leur corps (3). Ce type d’hallucination est généralement de longue durée. Le caractère de cette hallucination est également celui d’une odeur unique sans rapport avec une odeur alimentaire spécifique. La perception objective par des observateurs externes ne peut détecter aucune odeur émanant de ces patients.

Certains patients perçoivent qu’ils ont une odeur corporelle qui est à la fois durable et perçue par les autres. Bien que ces patients ne présentent pas de schizophrénie, ils ont certaines caractéristiques en commun avec les patients qui ont le syndrome de référence olfactive. Ces odeurs sont généralement de nature désagréable mais les patients ont des difficultés à décrire le caractère de l’odeur corporelle. L’odeur est à nouveau d’un caractère spécifique et n’est pas liée à un caractère extérieur réel d’une odeur réelle.

Les hallucinations sensorielles sont beaucoup plus fréquentes qu’on ne le considère habituellement. Elles affectent de nombreuses personnes dans plusieurs systèmes sensoriels. Comprendre le déclenchement de ces hallucinations offre une méthode pour comprendre plusieurs aspects du fonctionnement du cerveau.

  1. Woods A. Voices, identity, and meaning-making. Lancet. 2015;386:2386-2387.

  2. Henkin RI, Agarwal RP. La concentration de cuivre dans le LCR dans la schizophrénie chronique. Am J Psychiatry. 1985;142:1.

  3. Henkin RI, Potolicchio SJ, Levy LM. Hallucinations olfactives sans activité motrice clinique : une comparaison de la phantosmie unirhinal avec birhinal. Brain Sci. 2013;3:1483-1553.

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