Le filicide, le meurtre d’un enfant par son parent ou la personne qui s’en occupe, représenterait 18 à 25% des cas d’homicides familiaux en Australie. Le filicide implique souvent plusieurs victimes et a un effet dévastateur sur les familles et les communautés. Malgré cela, on sait comparativement peu de choses à son sujet.

En Australie, les estimations suggèrent que 25 enfants sont tués chaque année par un parent ou un soignant. Les enfants âgés de moins d’un an sont les plus à risque.

En raison des différences entre les juridictions autour du signalement et de la législation, les décès d’enfants sont enregistrés et analysés individuellement par les États et les territoires. Les publications nationales qui analysent les données de la police sont limitées et ne rapportent que des données agrégées.

Cette approche générale empêche toute analyse approfondie des facteurs de risque et des circonstances autour des cas individuels, ce qui entraîne une compréhension quelque peu fragmentaire des décès liés aux enfants-abus.

Comprendre le filicide est particulièrement difficile car il est peu fréquent. Cependant, étant donné l’impact qu’il a sur les communautés, il est nécessaire d’examiner certains facteurs de risque convergents pour comprendre où les facteurs individuels et situationnels se combinent pour augmenter le risque.

Facteurs de risque

Les recherches existantes indiquent que la maladie mentale, les abus antérieurs et la violence domestique sont des facteurs de risque de filicide.

La compréhension du filicide s’est généralement concentrée sur le motif, le sexe de l’auteur ou la relation biologique avec la victime.

La combinaison de ces facteurs peut développer une perspective plus nuancée du filicide. Ceci est particulièrement important étant donné la diversité des familles dans l’Australie contemporaine. La séparation, le divorce et d’autres arrangements de vie complexes pour les enfants ont élargi le concept de familles, rendant une approche plus détaillée justifiée.

Lecture complémentaire : How we live now : Australian families at a glance

Focusing on family relationships to identify risk

Notre recherche visait à identifier les similitudes et les différences entre les cas de filicide en fonction de la relation entre la victime et l’auteur.

D’après le National Coronial Information System, nous avons identifié 118 enfants victimes, neuf victimes adultes et 26 suicides impliquant 97 auteurs. Les informations sur les circonstances entourant les cas ont été obtenues à partir de rapports d’autopsie, de rapports toxicologiques, de rapports de police, de jugements de la Cour suprême et de rapports des médias.

Nous avons identifié cinq relations principales entre la victime et l’auteur au moment de l’incident. Il y avait trop peu de cas impliquant une femme de fait, une mère séparée et un père célibataire pour les inclure dans notre analyse.

Auteur fourni

L’analyse à l’aide de ces catégories a révélé certains modèles intéressants en ce qui concerne les circonstances plus probables entourant le filicide perpétré par des membres particuliers de la famille.

Par exemple, bien que la maladie mentale soit commune à tous les auteurs, les auteurs féminins étaient plus susceptibles d’avoir une maladie mentale diagnostiquée. Les auteurs masculins étaient plus susceptibles d’avoir eu des contacts antérieurs avec le système de justice pénale.

Pour autant, l’abus de substances n’était pas un facteur distinctif pour tout auteur, sexe ou relation.

Les pères séparés étaient plus susceptibles d’avoir eu des problèmes de garde au moment de l’incident fatal. Les homicides commis par ce groupe étaient plus susceptibles d’impliquer plusieurs enfants et/ou d’autres victimes adultes et un suicide.

Lorsqu’il y avait plusieurs enfants victimes, ils étaient plus susceptibles d’avoir reçu des sédatifs avant leur mort.

Avant l’incident de filicide, les pères séparés étaient souvent décrits comme aimants, alors que les pères couplés étaient plus susceptibles d’avoir eu des antécédents de violence envers un partenaire intime.

En revanche, les pères de fait étaient plus susceptibles d’avoir abusé de l’enfant au cours des événements précédant l’incident fatal. Cependant, ils étaient les moins susceptibles de se suicider au moment de l’incident.

En ce qui concerne la cause du décès, les morts violentes (entraînant des blessures à la tête/à la colonne vertébrale ou des blessures abdominales multiples) étaient plus fréquentes pour les victimes d’auteurs masculins. C’était particulièrement le cas pour les hommes de fait. Les auteurs féminins tuaient le plus souvent par asphyxie.

Application de cette recherche pour prévenir le filicide

Parce qu’il est peu fréquent, et que l’auteur est souvent inconnu des services avant l’événement, prédire le filicide est presque impossible. Prévenir le filicide, cependant, peut être possible dans certains cas.

Les crimes de filicide sont très variables et comme tout système de classification, il y a des limites. Cependant, plus la recherche est susceptible d’identifier des modèles qui ont une application pour la pratique, plus les possibilités de prévention sont grandes.

Étant donné que le filicide implique des auteurs parents ou soignants, comprendre les différents contextes dans lesquels il se produit est une façon de sensibiliser les enfants à risque d’abus graves. Cela est particulièrement important dans le domaine de la protection de l’enfance, mais également dans les services correctionnels communautaires, les soins de santé primaires et les milieux de la santé maternelle et infantile.

Une meilleure compréhension des circonstances dans lesquelles le filicide se produit peut contribuer à sa prévention en améliorant la capacité des praticiens à identifier les cas à haut risque. Cela serait facilité par la collecte et l’analyse systématiques des informations dans toutes les juridictions australiennes.

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