Dans tout Paris, ma rue préférée est la rue Cler, une petite ruelle dans l’ombre maigre de la Tour Eiffel. Bordée de boutiques qui débordent dans la rue, c’est une tranche de vie de village dans cette ville géante, et le shopping pique-nique ici est l’un de mes plaisirs parisiens préférés.
J’ai grandi en pensant que le fromage était orange et que la forme du pain était carrée : slap, fwomp…sandwich. Même si je suis encore loin d’être un gourmet, mon séjour à Paris a substantiellement fait bondir mon appréciation de la bonne cuisine (ainsi que le sens du bien vivre des Français).
Les Parisiens font leurs courses presque quotidiennement pour trois bonnes raisons : Les réfrigérateurs sont petits (cuisines minuscules), les palais parisiens sont trop raffinés pour tout sauf les produits les plus frais, et le shopping est un événement social important. C’est l’occasion d’entendre parler des projets de vacances du boucher, de voir les photos du nouveau petit-enfant de la fleuriste, de se détendre autour d’un café et d’embrasser les joues des amis (la norme française est de deux fois pour les connaissances régulières, trois fois pour les amis que vous n’avez pas vus depuis longtemps).
Les magasins de produits sont approvisionnés avec les fruits et légumes les plus frais. Chaque matin, les produits sont acheminés par camion des agriculteurs vers un immense marché près de l’aéroport d’Orly, puis vers les commerçants avec la rapidité et la précision de FedEx. Les habitants font généralement leurs courses avec un petit chariot apporté de chez eux, plutôt que d’utiliser des sacs inutilement. J’ai aussi remarqué comment les Français résistent aux produits emballés et vont plutôt vers ce qui est de saison.
Les Parisiens font leurs courses avec leur nez. Pour avoir une idée de la façon dont ils scrutent les produits, reniflez les fraises étrangères bon marché, puis respirez le riche parfum des gariguettes françaises en forme de torpille. Trouvez les herbes aromatiques. La livraison d’aujourd’hui est-elle arrivée ? Regardez le prix de ces melons. Quel est le pays d’origine ? (Si les melons ne sont pas de saison, ils proviennent des Caraïbes françaises. De nombreux habitants du quartier boudent tout ce qui n’est pas français.
Le poissonnier de la rue Cler vend la pêche d’hier – ramenée quotidiennement des ports de la Manche, à 100 miles de là. (Paris étant une plaque tournante du commerce, le poisson y est probablement plus frais que celui que l’on trouve dans de nombreuses villes plus proches de la mer). Quelque chose s’agite ?
L’expérience olfactive la plus forte de la rue Cler se trouve à la fromagerie : coins, cylindres, boules et palets de hockey miniatures tous poudrés de guimauve blanche, grise et brûlée – c’est un festival de moisissures. « Ooh la la » signifie que vous êtes impressionné. Si vous aimez le fromage, montrez votre excitation avec plus de las. Ooh la la la ! Lors d’une visite, mon amie parisienne Marie a approché de son nez la boule la plus puante, a pris une inspiration orgasmique et a expiré : « Oui, ça sent les zee pieds des anges. »
Même dans cette minuscule boutique, vous pouvez parcourir 400 types différents de fromages français. Dans l’arrière-boutique se trouvent les meules – de grandes roues de fromage de 170 livres fabriquées à partir de 250 gallons de lait. Les fromages à pâte dure sont découpés dans ces meules. Ne mangez pas la peau de ces grosses meules, car elles ne sont faciles à transporter qu’en les faisant rouler sur le sol. Mais la peau de la plupart des petits fromages, comme le brie et le camembert, fait partie du goût. Comme le dit Marie, « elle complète l’ensemble ».
La charcuterie (également appelée traiteur) vend des produits de charcuterie appétissants à emporter. Ce type de charcuterie gastronomique, particulièrement courant à Paris, est pratique pour les hôtes de dîners, car il leur permet d’utiliser leurs minuscules cuisines pour se concentrer sur le plat principal tout en externalisant des plats d’accompagnement magnifiquement préparés pour compléter un bon repas.
À la boucherie, les Parisiens trient non seulement le bœuf, le porc et le poulet, mais aussi le lapin (lapin), la caille (caille), l’agneau (agneau) et le canard (canard), tout aussi populaires. Vous verrez aussi des choses que vous voudrez peut-être éviter dans les restaurants : les rognons, le foie, le cœur de bœuf. La viande de cheval est passée de mode, mais la tête d’un veau est considérée comme un délice pour ses nombreux morceaux savoureux. Pourquoi cette cliente soulève-t-elle un canard en l’air ? Elle vérifie ses pattes, qui doivent être rugueuses et calleuses, signe que le canard n’a pas toujours été enfermé dans un chenil industriel mais qu’il a vécu en liberté dans une ferme. Ce qui est disponible dans le magasin dépend de la saison. En hiver, le gibier se balance aux plafonds des magasins.
Les Parisiens débattent des mérites des boulangeries rivales. Dans les écoles de cuisine françaises, les futurs boulangers se spécialisent soit dans le pain, soit dans la pâtisserie. Il est largement admis ici que lorsqu’on fait du bon pain, on n’a pas le temps de faire de la bonne pâtisserie. Et si le boulanger se spécialise dans la pâtisserie, le pain en pâtit. Mais ici, rue Cler, le boulanger va à l’encontre de la tendance – les baguettes font d’excellents sandwichs, et les pâtisseries un délectable dessert de pique-nique.
Les acheteurs parisiens visitent souvent le caviste du quartier en dernier, afin de pouvoir choisir un vin approprié au repas qu’ils ont assemblé. Si vous êtes moins sensible à ces nuances que le Parisien typique, discutez avec le vendeur du magasin, qui sera sans doute un conseiller compétent – il tiendra compte de vos goûts, de votre menu et de votre budget. Ne vous laissez pas décourager par les prix bas ; il est courant en France que des « vins du mois » de grande qualité soient vendus à moins de 10 dollars. Même en l’absence de soldes, vous pouvez toujours obtenir une bonne bouteille pour 10-15 $.
Lors de votre prochaine visite à Paris, prenez le temps de fouiller dans les magasins d’alimentation du quartier et vivez une aventure sensorielle que vous n’êtes pas près d’oublier. Et n’oubliez pas : Lorsque vous entrez et sortez d’un magasin français, il est poli de saluer les propriétaires (« Bonjour, Madame ») et de dire « Merci » et « Au revoir » en partant. Bon appétit!