Une femme de 71 ans se présente aux urgences avec une léthargie, de la fièvre (39,5 C) et une tachypnée (RR 28 tours/minute). Elle a une longue histoire de myasthénie grave (MG) pour laquelle elle reçoit des perfusions périodiques d’IVIG. Elle est accompagnée de son fils, qui vous informe qu’elle a récemment été hospitalisée pendant 10 jours pour faiblesse. Un CXR révèle un infiltrat dans le lobe inférieur gauche.
La décision est prise d’initier une thérapie antimicrobienne pour une pneumonie présumée associée aux soins. Mais, quels antibiotiques sont sûrs à utiliser chez un patient atteint de MG sévère ?
Le problème : antibiotiques et myasthénie grave
Les antibiotiques sont l’une des nombreuses classes de médicaments qui peuvent altérer la transmission neuromusculaire et augmenter la faiblesse chez les patients présentant des troubles jonctionnels sous-jacents . De nombreux rapports de cas relient l’administration d’antibiotiques à la cause de la faiblesse neuromusculaire, bien que cela se produise même chez des patients normaux.
Risque d’augmentation de la faiblesse 1,2
Selon la littérature rapportée, ces antibiotiques semblent avoir au moins une certaine probabilité d’exacerber la MG sous-jacente. Le risque de faiblesse accrue est rapporté.
Classe de médicaments | Antibiotiques spécifiques * | Risque d’augmentation de la faiblesse ** |
Aminoglycosides | Néomycine, gentamicine, amikacine, streptomycine, tobramycine | Haut |
Fluoroquinolones *** | Ciprofloxacine, ofloxacine, norfloxacine | Haut |
Kétolides | Télithromycine | Haut |
Macrolides | Azithromycine, érythromycine | Modérée |
Polymyxines | Colistiméthate, polymyxine B | Modérée |
Pénicillines | Ampicilline | faible |
Autres | Nitrofurantoïne, vancomycine, clindamycine, sulfamides | faible |
* Liste non exhaustive, mais inclut la plupart de ceux qui ont été rapportés ** Le risque est basé sur la prévalence estimée et la gravité de l’effet *** Notez que les fluoroquinolones ont un avertissement boîte noire contre leur utilisation chez les patients atteints de MG |
Points à retenir
L’édition 2012 de Medications and Myasthenia Gravis (A Reference for Health Care Professionals) le dit bien :
- Presque tous les antibiotiques jamais étudiés ont démontré un certain effet délétère ou ont fait l’objet d’un rapport clinique suggérant une exacerbation de la MG.
- Si un patient a besoin d’un traitement antibiotique pour une infection, il faut alors utiliser les médicaments appropriés.
- Lors de la prise en charge de patients atteints d’une maladie de la jonction neuromusculaire, il incombe simplement au clinicien de rester attentif au potentiel d’effets indésirables cliniquement significatifs, surtout si le patient s’affaiblit dans le cadre de l’utilisation d’antibiotiques.
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Bryan D. Hayes, PharmD, DABAT, FAACT, FASHP
Créateur et rédacteur en chef, série Capsules, ALiEMU
Pharmacien auxiliaire, EM et toxicologie, MGH
Professeur adjoint d’EM, Harvard Medical School
@PharmERToxGuy
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